1914
9 avr.
qui est encombré d'un bataillon de chasseurs d'Afrique qui vient de Tunis et va à Casablanca (800 hommes) logés un peu partout, les officiers en 1ère et 2ème classe. Très peu de passagers civils. On redescend à une foire, emplette de petits cadeaux et des fruits et à 4h, on remonte à bord. Déguille que le bateau parte sans nous ! Fausse alerte. Il part à 5h juste. Bateau très animé. Un bateau cuirassé russe nous salue deux fois de coups de canon. Photos. La mer parait très calme mais est un peu houleuse. Notre bateau, bien chargé, a une marche très douce. On longe la côte, beaucoup de navires de toutes grosseurs. Beau coucher de Soleil. Grand diner en première classe. Nous restons toujours en première classe. C'est une chance que nous ayons pu prendre ce bateau réservé à la troupe. Couchettes séparées; il y a 1/2 douzaine de dames réparties dans 3 cabines, tout le reste d'hommes. Soir. Fumé un cigare sur le pont puis couché à 9h. Gros ronfleur dans la cabine.
1914
10 avr.
id.
Travaux domestiques. Levé à 5 1/2 pour le lever du Soleil puis recouché jusqu'à 7h. Déjeuné au chocolat et [toesh?]. Le pont s'anime de plus en plus. On suit la côte d'Algérie. Nombreux marsoins et requins qui jouent autour du bateau. Des soldats leur tirent dessus. Bancs de sardines et vols d'hirondelles de mer. Ilôt rocheux à [guano?]. Phare perdu et isolé. Villages indigènes où la côte s'abaisse et devient verdoyante. On passe devant Mostaganem et Arzew et à 11h, on entre dans le port d'Oran où on aborde au quai assez rapido. Madeleine n'attend pas de diner à bord et on monte en ville en tram pour 2 sous avec un photographe qui nous fait le guide un moment et me mène chez un confrère où j'achète des plaques et charge mon appareil peu après. Balladé en ville puis dans le Faubourg de Saint-Eugène jusqu'à la campagne. Rentrés à midi. Diné dans une brasserie alsacienne d'une choucroûte garnie et de bière qui me restent sur l'estomac. Encore un peu balladé; pas beaucoup de couleur local et le ciel se couvre. On redescend au port et on rembarque à 1 1/2h. A 2h, le bateau quitte le quai mais à 3h, il n'est pas encore loin. Des passagers retardataires rattrapent le bateau, dont un chef chérifien à qui on a l'air de faire de grands honneurs et qui voyage en première classe. La mer est assez bonne, mais l'apprôche du diner ne me dit rien. Essayé la soupe, puis sorti de table; monté un moment sur le pont mais fini par aller me coucher. J'ai comme un accès de grippe. Assez vite endormi [pendan?]. Madeleine est aux petits soins. Chichis d'une espagnole qui empêche tous les officiers de fumer dans la salle à manger et qui se met à fumer seule, ensuite !