Il n'en est heureusement rien, car à force d'interpeller les employés du bord, je finis par trouver que c'est le chef des matelots qui a fait une tournée à minuit et qui a mis en lieu sûr ces objets : Gros soupir mais c'est une leçon quand-même. Avant d'arriver dans un port, toujours mettre en lieu sûr les affaires ! Déjeuner puis monté sur le pont ; raconté à mes camarades nos projets. Ecrit. Continué mon article de la Gazette. Après-midi : lu, manille jusqu'à 6h. Rechangé. Soir : fumé. Causé avec mes camarades.Tout à coup le bateau s'arrête de nouveau ; cette fois c'est plus grave : c'est la tige du pérton qui a cassé dans le premier cylindre, à haute pression pas de pièce de rechange ; on nous promet une panne de 15 heures et la perspective de retourner à Suez ou de transborder. Nous voilà bien mis ; le commissaire de la compagnie se paye la tête de tout le monde et se fait mal voir ; les grandes administations ! on la leur servira à l'occasion et sans tarder s'il le faut ! En attendant, on est en panne, la mer est heureusement calme au point qu'au clair de lune on voit grouiller les requins autour du naivre. Le chef d'équipage qui est à l'oeil imagine un pêche au requin qui fait une heureuse diversion : avec un gros morceau de lard, en quelques minutes on retire un superbe requin ; [mis en peut?] tout l'équipage s'adonne avec frénésie à un nouveau sport si bien qu'en 2h de temps. On en a pêché 6. Pour finir, on coupe la queue au dernier. On le fait manger par ses camarades. On se couche vers minuit sur le pont.

Toujours très beau. Vent du Nord. Levé à 4h1/2. Toujours en panne et ça lève jusqu'à 10h ; on a mis hors de service le premier cylindre et on marche avec les deux autres ; on retourne à Suez et en file 10 nœuds à l'heure, 28 cargos viennent nous offrir leurs services que le capitaine refus : en effet, au bout de quelques heures on les rattrappe [rattrape] et on les devance ; fini l'introduction de mes lettres à la Gazette. Après-midi : lu. Manille perdu, mais gagné 2 pari[s] (Carmen Sylva).