1905
26 août
Il neige tout autour de nous et nous ne tarderons pas à avoir notre compte : nous sommes sur un pâturage assez incliné, dominé par un minuscule plâteau, entre deux glaciers et au-dessus de nous l'arête que nous attaquerons demain. Les hommes se sont fait des niches sous les pierres surplombantes en profusion.Lu ma lettre de Reymond pour la Gazette. Cuisiné et popotté pour tout le monde. Bon boulot. Soir : couché à 7h. Sous la petite Mummery qui dégoutte dès qu'il pleut ou neige et le matin par notre respiration ; le jour par contre, elles sont intenables, s'il fait un peu soleil, on y étouffe littéralement mais ça ne dure que deux ou trois heures et le reste du temps il faut bien s'emballer. Ecrit. Soir : lu sous ma tente et couché à 7 1/2.
1905
27 août
Plus ou moins beau le matin. Neige et sale temps l'après-midi et soir.
Travaux domestiques. Levé à 3h-1/4. Réveillé par les braillées de Crowley qui réveille tout le temps embête tout le monde sous prétexte qu'il fait beau et que tout est clair. Je fais le déjeuner mais personne ne bouge plus je vais me recoucher. A 5h, Crowley recommence à brailler et on aperçoit quelques feux des hommes les plus zêlés. Mais ce n'est qu'à 6 1/2 que les premiers hommes se mettent en route à la suite de Reymond qui, sur les indications de Crowley, va chercher son chemin au-dessous de mauvais séracs, du reste inaccessible, il revient en arrière et attaque les séracs les plus rapprochés qui se trouvent être les seuls praticables ; ils sont un peu raide mais Reymond taille avec courage et une fois les premiers séracs surmontés (il y en a 3 étages) on trouve un replat un peu crevassé, mais qui serait très bon, sous la neige fraîche qui devient de plus en plus épaisse et mauvaise et en tout le monde prend des coups de soleil ou des ophtalmies.Après une traversée de 2h environ, j'attaque un long couloir d'avalanche où la neige est meilleure, en haut duquel on fait une très longue pause sans pour laisser souffler nos hommes et nous-idem que pour reconnaître le chemin ; il n'est pas très engageant. C'est une longue pente très inclinée et oblique qui finit brusquement en un vilain précipice où je ne veux pas m'engager. Crowley insiste et Reymond se croit obligé de marcher, il part en avant et commencer bientôt à tailler des marches