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1902 9 mars
. A gauche du canal c'est l'Asie, qui pour le moment m'apparaît que comme un vaste désert de sable, sans le moindre végétation. Quelques dunes de sables au loin et c'est tout. A droite, un petit canal doublé d'une voie de chemin de fer d'une compagnie française qui va, de Port-Saïd à Isamaïlia, rejoindre la ligne du Caire à Suez. On croise quelques dragues occupées à réparer ce que le passage des gros navires gâte à mesure ; puis tous les quatres km, une gare composée de 4 bâtiments d'une sémaphore et d'un ponton avec un moulin à vent qui pompe l'eau douce et qu'on distribue sur le ponton. Quelques baraques sur planches, forme de tente, peu solide et qu'un coupe de vent couche comme un château de cartes ; des dindons et des poules, des maisons en ruines ou des fourbis , quelques maisons arabes et quelques vaches à l'horizon. Un coup de vent plus fort que les autres chargé de sable s'abat sur le canal et nous force à rentrer. On marche à très petite vitesse, 8 km à l'heure. Le chenal est marqué par de bouées rouges à droite et noires et blanches à gauches. Le canal est jalonné sur les bords, par des kilomètres à droite et des milles à gauches. De temps en temps une grosse lettre G à droite indique un garage et une lettre L à gauche la même chose. On allume à la tombée de la nuit un grand fanel électrique fourni On allume à la tombée de la nuit un grand fanel électrique fourni par la compagnie du Canal et dont la lumière est faite par une petite turbine à vapeur tranchée sur la chaudière du navire dont la dinamo fait 5'000 tours à la minute. La lumière est splendide et éclaire toute la largeur du carnet et lui donne un aspect féérique surtout au croisement d'au autre navire. L'eau prend alors des teintes inconnues de jour, verdâtres avec des vagues blanchâtres, moirées, tandis que les bords sables du canal, brillent comme des lingots d'argent. Au loin, on aperçoit la lueur d'autres navires qui viennent à notre rencontre et se voient