1902
9 mars
Très beau ; le temps se couvre l'après-midi. Tempête de sable le soir puis de nouveau beau, bien que le baromètre soit très bas.
Travaux domestiques. Levé à 6h. Réveillé par les grues à vapeur qui font un chaüt du diables sur nos têtes ; plus moyen de dormir ; je me lève et n'ai pas à m'en repentir. Nous venons d'arriver à Port Saïd et quoiqu'en disant mes copains, c'est toujours intéressant. Il fait beau temps quoique déjà un peu chaud. Nous sommes mouillés à l'entrée du canal, juste assez de côté pour laisser passer les autres navires qui entrent après nous ; il y a entr'autres le [Renda?], qui amène le reste des bagages d'Eckenstein et de Knowles. Le port est pas mal rempli de navires marchands et de guerre, entr'autres 5 vaisseaux russes qui reviennent de Chine. Tout l'équipage est en train de l'astiquer ; on entend de temps en temps un signal et on assiste au relevé de la garde. Eckenstein et Knowles inquiets au sujet de leurs bagages descendant à terre ; je vais avec eux au Lloyde et on nous dit qu'ils seront embarqués sur notre navire ; on fait un tour de la Rue de la poste de Port Saïd. C'est le système arabe en plein ; on est assailli part toute espèce de marchands pus ou moins interlopes contre lesquels on est constamment obligé de se défendre. Revenus au port sur le bord duquel on se promène en examinant les vaisseaux de guerre russe puis en rentre à bord où on assiste à l'embarquement d'une quantité prodigieuse de marchandises pour la Mer Rouge. A 11 1/2, arrivent les colis de Eckenstein et Knowles ; maintenant nous avons tout. Acheté quelques cartes postales et à 1 heure on s'engage dans la course. Dîné. Après-midi : monté sur le pont pour examiner le canal. Il y a beaucoup à voir et tout est intéressant. On longe des lagunes remplies de gibier à plume de toute sorte : ibis rosés, pélicans, oies, canards, sarcelles, bécassines, manettes etc. etc. De temps en temps, un vol de grues passe sur nos têtes et défile en ordre absolument symétrique.