1901
27 mai
couvert de neige, les couvertures enfouies dans la glace et la neige, les couchettes, également recouverts de glace ; bref c'est moins que plaisant, et par dessus le marché point de fourneau pour faire du feu et cuire quelque chose ; on se couche donc sans rien prendre, dans des couvertures humides avec nos habits pleins de neige ; on n'ôte que les souliers ; Joseph a une chaussette collée à son soulier ; il faut un bon 1/4 d'heure pour la lui enlever et un doigt est déjà engourdi, mais pas gelé ; Fritz est aussi à bout de forces et se jette sur les couvertures avec un frisson et ses dents lui claquent. Bref à 10h, nous sommes couchés et nous dormons dans nos bains turcs jusqu'au lever du soleil.
1901
28 mai
Beau. Après-midi : plus ou moins couvert. Orages. Neige etc. Baromètre à variable.
Au matin, le soleil se lève dans un ciel sans nuages il fait bon et il n'y a pas de vent ; on sort aussitôt et on va se sécher au soleil. On fait sécher tous ce que a besoin y compris les couvertures et oreillers. On fait fondre de la neige pour faire une goutte de thé avec le bois que nous avons amené dans un petit foyer qu'on installe dehors, crainte du feu à l'intérieur. On fiat un grand pot de thé mais on n'y fait guère honneur, et quant à la nourriture. On n'en prend pas davantage ; on s'astique tout doucement et à 11h. On se met en route pour le sommet ; Joseph va devant pour commencer puis à la première bosse. Je passe devant et me mets à tailler les marches jusqu'au sommet de la Bosse. Après-la première bosse, nous passons facilement sur la seconde, mais à peine l'avions nous dépassée que le brouillard nous enveloppe et nous restons près d'une heure à attendre une éclaircie ; nous n'osons avancer, crainte des corniches et la vue est absolument nulle ; le brouillard a la même teinte que la neige ou vice-verça et on ne voit pas à 5 mètres devant soi vers 2h.Le brouillard se dissipe et d'étages en étages nous arrivons à 3 1/4 au sommet par un temps passable ; mais le vent commence à souffler ; nous faisons le tour de l'observatoire qui est en train de descendre à Chamonix et se trouve plus bas que le vrai sommet du Mont-Blanc ; on y grimpe et fait deux photos