1918
2 mai
La route monte et descend sans cesse sur des ondulations du reste peu marquées, sauf au passage des rivières qui marquent en même temps l'emplacement des villages ou villes plus ou moins conséquentes. On passe à Saint Valery-en-Caux, puis on quitte la côte pour Carry; on la retrouve à Fécamp où on ne s'arrête pas et qui a l'air plutôt pauvre. Par contre à [Etretat?] on descend sur la grève voir les belles arches naturelles taillées dans la craie. On ramasse quelques beaux cailloux et on repart direct pour le Havre où on arrive à 11 1/2. On va vite à la Place puis on descend à l'Hôtel Continental, sur le port. Tout en se mettant à l'aise on assiste au départ ou à l'arrivée de nombreux hydravions d'un dirigeable et d'une saucisse-éléphant qui planent sur le port. Dîné à midi 1/2. Salle à manger animée, beaucoup d'officiers anglais et quelques dames. Encore un italien, comme garçon Sébastien. Bon dîner, mais café toujours sans sucre et seulement un peu de saccharine qu'on baptise sirop. Après-midi l'auto vient nous chercher pour le camp des abattoirs où on commence à travailler à 2 1/2. On examine 200 boches qui n'ont rien, pour la plupart; on en prend 18 ! pour l'internement et 2 à rapatrier. On a fini à 5 1/2. Rentrés en auto à la poste d'abord, à l'hôtel ensuite. Je signe 200 feuilles puis écrit. Deux hydravions chaütent dans le port, un prend son vol et revient chaüter 1/4 d'heure après. Grande animation du port et des quais. Beau temps, mais encore beaucoup de hâle. On distingue mal la côte de Bretagne. Soupé à 7 1/2 d'un homard et d'un menu de table d'hôte copieux. Soir. Balladé sur le quai. Il y a dans le port un bateau torpillé qu'on cherche à renflouer depuis une année, dit-on (?). Tous les soldats et surtout les marins se balladent avec une petite femme au bras. Rentrés à 9h. Lu - au lit et vite endormi.
1918
3 mai
Moins beau, chaud. Soir. Orage et fort vent de terre.
Travaux domestiques. Levé à 6 1/2. Astiqué et déjeuné d'un bon chocolat et de pain beurré et 1 peu de sucre. Une bande d'ouvrier américains arrivent pour un congrès à Paris et chaütent dans l'hôtel. Un chauffeur reçoit une bonne main, ce qu'il n'avait pas vu depuis 4 ans !? On va en auto au camp des Abattoirs où on voit près de 200 malades - bien portants. On