1905
1 sept.
Plus ou moins beau. Neige. Après-midi : soir et beau.
Travaux domestiques. Levé à 8h. On décide avec Righi de monter voir les autres c'est à dire Pache, Reymond et Crowley. On mange un peu et on prend avec nous tous les hommes de bonne volonté. On part à 10h pour les camps supérieur. Nous prenons les hommes avec nous sans charges pour plusieurs raisons ; c'est d'abord pour nous aider à faire et à marquer le chemin avec leurs mauvais souliers thibétains qui ne sont pas faits pour la neige et les glaciers, et qu'il soit ferme pour les jours suivants au cas où cette neige fraîche tiendrait et adhérant à la glace sous-jacente. Puis hier, ces hommes sont revenus du camp supérieur en disant que Crowley les avait battus et les battait ou les piquait de son piolet lorsqu'ils n'avançaient pas à sa guise. Ces hommes refusent de marcher encore avec lui et préfèrent ne plus recevoir de traîtement et demandent à rentrer idem sans rien ; faut-il qu'ils soient poussés à bout ! Il y a mieux que cela encore : ces hommes soutiennent que la route choisie est trop dangereuse et qu'on pourrait passer plus à gauche avec beaucoup moins de risques.Crowley trop fier, non seulement ne veut pas tenir compte de ces observations pourtant très justes, mais encore affecte de les narguer et s'obstine ne fut-ce que pour qu'il ne soit pas dit qu'il ait seulement écouté l'opinion indigène exprimée par les paroles censées de Nanga. Comment ? Tenir compte de l'opinion d'indigène et lui, le grand alpiniste et barasaib par dessus le marché. Enfin nous espérons en les ramenant vers Crowley et en les défendant au besoin contre lui nous conserver leur concours en éliminant Crowley, s'il faut. Du reste, jusqu'à présent Crowley n'a pour ainsi dire rien fait d'une utilité quelconque, au point de vue alpiniste et au point de vue de l'ascension elle-même tout ce qu'il a réussi à faire est de faire avancer les étapes grâces à Pache et Righi qui ont fait des miracles pour faire monter au camp supérieur les choses nombreuses et hétéroclites dont Crowley croit toujours avoir besoin. Encore a-t-il voulu avancer beaucoup trop vie et les derniers jours surtout, à mesure que nous nous éloignions de la base de ravitaillement, on ne pouvait pas lui faire comprendre qu'il fallait attendre 2 puis 3 puis 4 jours avant d'avoir encore la communication avec la base. Nous partons à 10h et on monte assez rapidement jus