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1903 10 sept.
qui sans me paraître autrement inusité ne laisse pas de m'intriguer. A force d'allées et venues je finis par rester seul avec cousin Edouard et cousine Cécile. On reste un instant sans causer et tout à coup cousin Edouard faisant allusion à la causerie que j'avais faite à Madeleine à la cabane de la Blümlisalp me demande si je suis toujours dans les idem dispositions. Quoique pris à brûle pourpoint je vois tout à coup l'espoir renaître et fou que j'étais, à demi insconscient des transes que j'avais pu faire naître dans le coeur de Madeleine, mon bonheur m'apparait éclatant, dans une phrase à mots couverts de mon cher cousin Edouard. Quelques explications sommaires me mettent vite à l'aise et en bonne et due forme j'affirme à cousin Edouard et à cousine Cécile ma volonté bien arrêtée de demander à Madeleine de devenir ma femme. Cinq minutes se passent pendant lesquelles cousin Edouard va trouver Madeleine qui s'était réfugiée.... je le saurais plus tard et qui attendait etc. etc. etc. ..... je le saurai également sous peu. Madeleine descend avec son père et entre rayonnante au "bureau". Sans une parole, nous nous tendons mutuellement la main et nous donnons les premiers baisers d'amour de notre vie. Les parents nous laissent un moment seuls à savourer sans phrases ces moments uniques et sans précédents de notre vie. Que c'est beau et bon ! On voudrait chanter à tous les echos du ciel un hymne de reconnaissance... et l'on se tait. Ça suffit. Peu après rentrent les uns après les autres, les parents puis Thérèse et les frères et c'est une scène ineffaçable où la joie et un peu la surprise éclatent sur tous les visages ; seule cousine Cécile ne peut cacher un peu d'émotion bien compréhensible du reste ; c'est Madeleine qu'elle aime le mieux et il lui est dur de penser à s'en séparer ; mais jamais de mon côté ne viendra l'idée que cette belle-mère ne peut être autre chose qu'une seconde maman, qui remplacera - le plus tard possible ma chère mère actuelle. Si ces lignes lui tombent une fois sous les yeux, qu'elles me servent d'accusatrices, s'il en est autrement. Nous restons de nouveau quelques instants