1902
24 août
Couvert, quelques gouttes de pluie le matin. Orage. Après-midi et soir : plus ou moins clair.
Travaux domestiques. Levé à 4 1/2. Pendant le déjeuner, arrivent les coolies et les radeleurs avec 6 outres nouvelles qu'ils se mettent en devoir d'ajouter au radeau d'hier avec une de nos cordes et des bâtons. De cette façon, nous deux Crowley pourrons descendre ensemble en Zaca . Les coolies et nos nancas partent entre 6 et 7 et à 6.50 nous nous embarquons au bout de 10 minutes. Première halte pour regonfler les outres et nos quatre hommes vont chercher de la nourriture pour eux puis nous repartons au bout d'1/2 h pour un trajet de 3/4 d'h. On débarque pour regonfler. Un de nos hommes apprend la mort de son père ; il parait affligé pendant quelques instants, un de ses compagnons limite, mais au bout d'une heure leur masque impassible a repris le dessus et nous voguons vers Shigar. On passe parfois dans des bas fonds où les hommes sautent dans la rivière pour désensabler le radeau ; d'autres fois on passe où le courant est le plus fort plus et où souvent des vagues de plus de deux mètres nous font danser, sans danger d'ailleurs, curieuse impressions des rives qui paraissent puis souvent de 5 à 20 et 25 km à l'heure. Tandis que l'eau autour de nous ne paraît pas avancer et les objets qu'on lance à la rivière restent longtemps autour de nous. Ces zacas sont simplement fourrés de 20 à 30 peaux fermées plus ou moins hermétiquement avec des lanières décorées de saules tordues et très solides et qu'on gonfle en soufflant par une des jambes. C'est une automobile à pneus de peau et qui va souvent aussi vite que les autres sur les routes qui marchent. Une fois le premier moment d'appréhension passé, c'est un charme inoubliable de se laisser aller au fil de l'eau, si on a quelque confiance en ses radeleurs. Pour le détail des heures, voir le carnet. Débarqués à 11h en face de Shigar. En 20 minutes, on gagne le Dack-Bungalow un différent de celui où nous avons été en allant, plus près de la poste. En y arrivant, on trouve Knowles et Eckenstein en train de photographier les rajahs de l'endroit. Ils sont à Shigar depuis hier, où ils