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1902 19 août
une épaule ou le bout d'un doigt le paysage sauvage qui fait un cadre unique, la grande plaque de vertes presqu'à pic de 6-500m qui nous domine les quelques Baltis qui assistent de loin à nos ébats, le souvenir de tout ce qui s'est passé depuis deux mois, les fait de se trouver dans un pays à choléra heureusement passé, les racontars de nos hommes, au sujet des précautions édictées par les autorités locales : bref tout cela nous parait si étrange et nouveau, qu'on semble vivre dans un monde tout différent de ce qu'il nous a paru jusqu'à présent et on s'abandonne au charme de la soirée, et on prolonge la durée du bain. On y serait encore, si la faim ne nous en fait sortir On se roule dans une couverture et on va se rhabiller sous la tente. Il n'y a pas eu de choléra au village voisin et mes Baltis vont y chercher de la nourriture pour eux et pour nous - Poulet, mouton, farine, oeuf, bois et can, - on essaye cependant d'employer notre eau sulfureuse pour cuir : on la cuit d'abord, puis la laisse refroidir et déposer les nombreux sefs de chaux qu'elle contient. Un hibou jette son bon hugubre, et ajoute la note au reste. Lu à la bougie, en buvant du cacao à la saccharine à laquelle on finit par s'habituer. Ecrit. Vite endormi.
1902 20 août
Beau. Quelques nuages et vent d'ouest. Soir : très beau. + 4°. Tavaux domestiques. Levé à 6h pour le tschote Hazri puis pris le bain d'1/2h après le bara Hazri et recouché un moment sous la tente pendant que le lambadar de Hotto fait le bans Sabast pour demain. A 10 1/4, parti seul pour Monjong en descendant au bord de la rivière après le passage des rochers et en la suivant jusqu'au pont des cordes ; mes 1h20 jusque là, 100 pas pour traverser le pont. Dîné en arrivant puis ouvert la tente à désinfection qui empoisonne encore le formol. Histoire d'Eckenstein à propos du thé ! Ils ne veulent plus voyager avec nous si nous en prenons !