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1902 10 juil.
arrivons au premier replat de cette longue arête qu'on attaque très difficilement nous seulement à cause de la fatigue. On s'arrête une bonne 1/2 heure pour casser la croûte puis on reprend l'ascension qui devient de plus en plus pénible à cause de la neige qui est tout en farine et repose sur de la glace très dure. Nous avons malheureusement laissé nos crampons au premier replat, il faut déblayer un mètre de neige en poussière pour tailler des marches. Wessely renonce bientôt à ce métier et se fâche parce que je veux continuer je me laisse gagner par sa flemme bien que nous ne fussions qu'à 30 mètres de notre sommet neigeux qui était notre objectif pour aujourd'hui, d'où on devait pouvoir reconnaître tout le chemin du K2. J'abandonne avec regret tout ce travail peut-être inutile qui nous avait quand même permis d'atteindre la hauteur de 22000. Il est une heure moins le quart. Les premiers pas de la descente sont scabreux à cause de la neige qui glisse sous nos pas et de la pente très raide, mais une fois nos sacs rejoints, et après avoir bu un coup, je me laisse aller en magnifiques glissades jusqu'au camp ou j'arrive à une 1h1/4. Pfannl m'offre une tasse de thé qui me fait plaisir. Wessely n'arrive qu'une demi-heure après. Resté couché toute l'après-midi dormi une bonne partie après avoir un peu cuisiné. Soir : lu et un peu cuisiné. Pour moi, couché à 7h. Crowley a un peu de fièvre, 37,5 et un dérangement d'estomac. Si notre ascension n'a pas d'utilité pour la suite de l'expédition, elle m'a permis au moins de reconnaître qu'après, je suis beaucoup mieux disposé que mes camarades et qu'à 22000, j'ai travaillé aussi bien qu'à 11000.