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1902 6 mai
C'est magnifique comme ces hommes, si chargés, marchent ! Il est vrai qu'ils font ce métier depuis leur jeune âge ; mais nous serions incapables d'en faire autant. Vu une femme malade (grossesse extra-utérine) avec Eckenstein et un Anglais qui fait le voyage avec nous depuis Sonamarg. Histoire avec un autre qui voulant lancer une pierre à un indigène, faillit m'attrapper [attraper]. Il fait plus tard des excuses. Autre femme malade (abcès) qui ne veut pas être opérée. Ecrit et examiné la carte. Soir : fini d'écrire et changé mes plaques, à 8 1/2. Vu une bande de 15 ibex (bouquetins) aussi gros que des yaks, fauves avec une grande raie brune sur le dos. On les examine à la lunette pendant longtemps.
1902 7 mai
Très beau. Travaux domestiques. Levé à 7h. Eté revoir mes malades de hier qui n'est pas mieux, au contraire. D'autres malades viennent encore se faire examiner mais c'est trop tard, la kilta est loin. Quitté le Dack à 8-1/4 avec Pfannl. Les Anglais se partagent les deux chevaux en étapes. La vallée continue dans les pierres ; odeur spéciale du pollen du thuya oriental (?) huile éthérée agréable. Beaucoup de moutons et chèvres gardés par de nombreux enfants. Le sentier continue à monter et descendre au hasard des accidents du terrain souvent à plus de 150m au-dessus de la rivière, pour redescendre au théâtre brusquement. En face de Kirkitschoo le chemin se bifurque et Pfannl et Wessely, prennent le mauvais qui, paraît plus agréable, tandis qu'il faut traverser la rivière sur un pont non marqués sur la carte. On passe donc sur la rive gauche très exposée au soleil et sans eau moins à Hardus. Pfannl reconnait vite son erreur, mais Wessely s'entête et ce n'est qu'après 1 heure de chemin qu'il se décide à revenir en arrière. Arrivé à Hardus à midi -1/4. On campe dehors ; joli emplacement sous les arbres fruitiers, abricots, cerisiers, pommiers, amandiers etc. Champs de blé en terrasse, mais en dehors des cours d'eau, on ne voit que des pierres. A peine arrivés, le Rajah du village chef de la contrée vient nous voir ; il est très âgé et souffre d'un point pleurétique ; Eckenstein lui fait cadeau d'un cigare qu'il passe à son petit fils, 6 mouchoirs en couleur et de remèdes. Sur la promesse qu'on lui enverra ses remèdes, il s'en retourne avec ses cadeaux et remets ses souliers qu'il avait laissés à côté du schlafsac d'Eckenstein !