1901
29 mai
à faire fondre de la neige pour faire du thé. Quand il est fait, c'est à peine si on y touche et quant à nos provisions, on les laisse parfaitement tranquilles. Nous remettons la cabane plus ou moins en ordre, je fais une tartine dans le livre de la cabane contre les Chamoniards et nous refermons la cabane. On la quitte à 7h. Nous refermons nos traces d'avant hier, grossies un peu de celles de nos deux copains qui ne sont pas d'ailleurs pas écartés des nôtres ; nous retrouvons la corde moins raide qu'en montant ; fait quelques photos. Repris le harnais, mais on profite de toutes les glissades pour gagner un peu de temps et se ménager la peine. On passe aux Grands Mulets à 9h. On reprend ce qu'on y avait laissé. On boit un coup et on repart pour la Jonction.On crève quelques ponts de neige, mais on ne voit aucune avalanche et aucun bloc ne bouge ; halte après la grand avalanche à 10h1/2 enfin on quitte le glacier ; on fait encore de belles glissades jusq'au sentier de Pierre Pointue puis en dessous encore jusqu'à 1/4 d'heure de la Para. On s'arrête au bord du chemin et on se débarbouille, non sans peine ; on se sèche et on repart pour le Dard, bu une bouteille de limonade et redescendus à Chamonix ou on arrive à 1h1/2 pas fatigués et avec un meilleur appétit qu'en bas. La réception n'a rien d'enthousiaste et on sent la jalousie des guides. Simond nous fait un bon dîner mais sale un peu la note ; je me rechange et refais la valise puis, après avoir écrit quelques cartes, on repart en vélo pour le Fayet : le temps se couvre ; on presse un peu l'allure ; on descend les gorges à fond de train et on arrive au Fayet en moment où éclate un formidable orage ; nous deux Fritz en attrapons encore quelques gouttes ; quand à Joseph il est trempé jusqu'à la peau ; c'est le baptême du Mont Blanc.On enregistre les vélos pour Genève et on s'enfile dans le train. Joseph se déshabille et se rechange avec ce que j'ai de sec dans mon sac. On a soif mais on somnole pour laisser filer le train et passer le temps.