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1905 1 sept.
Nous recommençons de nouveau à creuser en suivant la corde mais nous avons beau remuer la neige c'est un travail de Danaïdes. Pendant plus d'1 1/2 heure nous nous acharnons, mais que faire sans pelles, les seuls instruments avec lesquels on eut pu tenter quelque chose ? La nuit est là, une nuit comme nous n'en avons pas encore eue jusqu'à présent, précédée d'un coucher de soleil aux rayons verts, bleus, tout ce que Pache admirait tant. On a froid aux pieds et au mains, on commence à grelotter nous avons nos habits plein de neige qui fond lorsqu'on travaille. Nous sommes éreintés et nou nous demandons quand et comment nous regagnons notre camp. Reymond n'a plus envie de remonter vers Crowley. Nos camarades de la cordées sont bien morts ; on ne peut pas rester si longtemps sans respirer. Il ne faut pas risquer encore d'autres vies. Nous reviendrons avec des outils sortir ces amis demain ou les jours suivants. Redescondons. Nous redescendons mais combien lentement ; la neige est très mauvaise et dangereuse. Encore un bon point pour Crowley ! On trébuche et Righi, malgrès ses crampons n'a aucune assurance ; on descend lentement, on appelle ; on demande des lanterne et au bout d'1 1/4 d'heure, on voit une lumière s'agiter ; on vient à notre rencontre et cruelle ironie c'est justement Tondou un des deux fils du vieux qu'était avec nous et auquel je venais de sauver la vie quelques heures auparavant ; il portait une valise beaucoup trop lourde et encombrante pour lui, et je l'avais retenu à plusieurs reprises au-dessus du camps X et voilà, une heure après, il n'est plus. Nous cheminons maintenant à la lanterne mais l'on n'avance guère mieux, au contraire la fatigue et le reste nous ont finis et c'est en trébuchant souvent que nous nous dévalons sur le mauvais glacier qui conduit en camp. Au premier moment, on ne dit rien, on essaye de boire une bouteille de champagne mais elle ne fait pas plaisir, au contraire ; on s'était promis d'en boire une avec Pache. Puis on nous apporte quelques nourritures qui en descend pas ; ça se comprend : on cherche ensuite à dormir, sans y parvenir, on se réveille tous