1902
4 mai
Bise. Très beau. Très froid le matin et très chaud le jour.
Travaux domestiques. Levés à 3h. Rapido déjeuné et les premiers coolies partent à 4h. Les derniers à 4 1/2 ; il fait nuit, mais les hommes trouvent très bien leur chemin. Je reste en arrière avec Knowles mais nous avons bientôt rattrappé [rattrapé?] Eckenstein et Crowley et l'Anglais (colonel !) et les coolies ; un des nankas va mal ; je monte en faire arrêter un autre qui change de charge. On suit le fond de la gorge : bonne neige jusqu'au haut du col. Les coolies vont en général très bien leurs souliers de paille les empêchent de glisser sur la neige, bien mieux que nos souliers fermés et étant plus larges ils enfoncent moins souvent dans la neige molle. Le télégraphe a des portées de 300-400m et toujours sans isolateurs, preuve que l'air y est très sec, le brouillard rare, sinon gare le givre . Le fil repose souvent sur on dans la neige. La gorge est balayée absolument d'un bout à l'autre par les avalanches, sil elles n'étaient pas tombées avant notre passage, il nous eût été probablement impossible de poser avec autant de coolies, sans malheur, tandis que maintenant c'est tout plaisir et l'on se sent en parfaite sécurité. En effet, pas un brin de neige n'a bougé. Au sommet du col, croisé la poste, sous forme d'un coolie avec un ceinturon et un bâton avec deux grelots au milieu et portant un sac de dépêches. Croisé d'autres caravanes du Ladak, marchant très bien. Nos premiers coolies étaient à 6.30 au haut du col et nous à 7.55. Fait une photo. Un peu avant d'arriver au sommet il y a un petit lac encore sous la neige et la glace ; en partie fondue sous les bords où je prends un bain de pied jusqu'au genou ; 1h après, malgré l'heure matinale, tout est sec. Commencé à descendre mais très lentement avec quelques remontés sur de vieilles moraines où des cônes de déjection, toujours sous la neige. Fait une photo puis arrivés à 10.20 après avoir encouragé les derniers coolies, à un bangalow nommé Goomber dans une jolie situation, au pied du Goomber Stn. Fait une bonne halte jusqu'à 11 1/2 puis commencé une descente insidieuse dans une vallée cependant magnifique, mais rendu pénible par la neige dans laquelle on ne cesse de patauger jusqu'à 4h du soir. Fait cependant deux photos ; quelques semblants de glissades, puis en général le plateau est tout plat comme à Salanfe avec au fond des montagnes dolomitiques dont un ressemble beaucoup à la terre Sallières de Salanfe. Traversé beaucoup de débris d'avalanches avant d'arriver enfin à Mataiam vers 3 1/2h. Les derniers porteurs et Knowles et Eckenstein arrivent à 4 1/2. Fait une photo du village qui est tout différent de ce qu'on