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1902 15 juin
dépassant tous les autres de plus de 1000 mètres s'élève dans le ciel, les deux sommets, celui de l'Est forment une magnifique pyramide de neige immaculée, les poussières n'arrivant pas comme là-haut, celui de l'Ouest et un peu plus bas, est la fin de la fin de l'arête qui le relie au sommet principal et qui descend par une longue arête à 45° environ sur le Mundu glacier et qui semble être son côté le plus accessible. Le parao est encore couvert de rester de tiges d'absinthe que les hommes de Pannl et Wessely ont laissées et des tiges d'une tulipe dont on fait cuire les têtes de légumes. Ecrit. Les coolies arrivent à 11h. Les derniers à 11 1/2. Après-midi : écrit à maman le voyage du Baltoro jusqu'ici, dans la tente. Tempête de sable qui recouvre tous nos colis et y entre dans beaucoup. Pluie. {D'abord à l'ombre, vu l'autre côté de la plaine puis sous la tente}. Les coolies n'en continuent pas moins à causer et jaser autour des feux de plantes d'absinthe. On leur a défendu de toucher à la petite provision de bois que chacun a dû emporter avec lui ; elle servira au parao suivant où il n'y a aucun combustible. A 4h, le ciel se balaye absolument et découvre nos beaux sommets, les plus blancs vu jusqu'à présent, du Mascherbrum et de les arêtes qui à celles seules sont de vrais sommets dans les 6 à 7000m. Le parao est le lit d'un lac récemment vidé, dont le reste encore une petite étendue à son extrémité inférieure càd Ouest ; c'est un lit de sable parfaitement plat entourné à l'Est et à l'Ouest de grands parois granitiques, de grands bands de quartz, dominé par un petit glacier dont la langue inférieure est coupée nette, à près de 40 à 50 m de haut, et enfin bordé au Sud par le Baltoro qui de temps en temps, repousse la moraine latérale en faisant dénicher de gros et nombreux blocs, une fois entr'autres un de ces éboulements arrive tout près d'un des feux de nos coolies qui ne se dérangèrent même pas. Nos coolies forment ce soir quatre groupes, chacun autour d'un grand feu de leurs absinthes, qu'ils sont allés à pieds nus, dénicher dans les rochers voisins. Les montagnes sont maintenant toutes découvertes et se détachent d'un ciel parfaitement bleu, par une ligne interrompue de neige et de glace dont la crête court entre 7 et 800 m. Photo au coucher de soleil ; le camp est déjà à l'ombre. Knowles a la grippe, il soupe peu et prendre du Lalicyhote. Ecrit. Couché à 8h. Relevé pendant la nuit pour le clair de lune, puis changé mes plaques.