1902
25 mai
et le lac formé à l'endroit même où sort la plus grande source d'un diamètre de 10 et 11 m, à peu près rond, s'évasant en entonnoir, pour atteindre en son milieu 70 à 80 cm de prondeur, avec une grosse pierre entre la source du milieu du bassin et celle qui s'y jette il forme la plus belle piscine que [un] Romain eût pu rêver. La température est si agérable que Knowles, Crowley et moi y sommes restés plus d'1 1/2 h à nous retourner dans ce bain si original et contrastant si gentiment avec les trajets parfois pénibles du voyage. On comprend Dauergne qui a fait exprès le voyage de Srinagar pour y soigner un rhumatisme malheureusement il ne réussit pas à venir jusqu'ici dit-on. Le fond du bassin est tapissé de concressions probablement calcaires qui incrustent et recouvrent rapidement tous les objets qui tombent à l'eau. Les longs cheveux des indigènes y forment spécialement des dessins très gracieux. Avec l'eau s'échappe une grande quantité de H2S qui noircit rapido une pièce d'argent. Tout le bassin a une belle couleur verte provenant d'une mousse longue et soyeuse contrastant agréablement avec la blancheur de soir prédestral. La peau du corps devient rapidement propre et prend cette belle couleur de santé, surtout lorsqu'un sortir la sécheresse de l'air tient lieu de réaction poussée par la douche froide, les mains deviennent comme celles des lessiveuses. Le goût salée de l'eau se perd dès qu'elle se refroidit par évaporation rapide sur une surface étendue comme est le piédestal du lac au front de faire croire que c'est une source différente. Si enfin on se représente la situation de ce bijou dans un cadre grandiose ou de hautes montagnes, toutes de 5000m à 6000m, placé lui-même à plus de 3000 m d'altitude, il est certainement destiné dans un avenir plus ou moins (rapproché) éloigné à devenir un lieu de cure thermale. Dès qu'un chemin de fer remontera la Shigar Valley, l'industriel qui saura exploiter cette source fera une bonne affaire, surtout quand Askoley sera devenu le Chamonix ou le Zermatt du Cachemire. Photographié les environs avec le lac supérieur, puis Crowley repart en avant, tandis que Knowles et moi finissons l'étape tout lentement en remontant beaucoup pour passer deux ou trois nalas. Très profondes à paroie à pic, où se faufile tant bien que mal le sentier. Traversé encore deux villages dans le dernier assez haut sur le cône d'alluvions, des malades m'attendent sur le seuil des portes. Conception extraordinaire d'un